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Plume d'alouette

8 janvier 2016

Chasseur d'oiseaux

Il existe un chasseur pas comme les autres qui ne possède ni fronde, ni arc, ni fusil, ni chien. Chasser les oiseaux requiert une qualité essentielle : être encore plus silencieux que le silence lui-même. Alors pas question d’avoir dans les pattes un chien qui renifle comme un cochon ou qui remue sans cesse la queue en faisant des tourbillons dans l’air. Il suffit d’un rien pour ébouriffer les oiseaux qui, vexés, s’envolent à tire-d’aile !
Bien sûr, un chasseur qui rentre toujours la gibecière vide, ça fait mal au ventre de rire. ! 

— Il s’en retourne encore bredouille, ce soir, hein ? , fait-on mine de s’enquérir, en ricanant dans son dos.


Pour toute réponse, notre chasseur d’oiseaux déplie un large sourire de contentement. Il affiche la tête d’un chasseur bredouille... heureux ! On le dit volontiers simple d’esprit.
Pourtant ce que peu de gens savent, c’est que ce chasseur d’oiseaux est un magicien : à chacun de ses clignements de paupières apparaît un trophée.
Il tend son index en direction du chêne ? Deux yeux perçants se fichent dans les siens.
Il tourne son regard vers le bois ? Deux ailes suspendues battent le ciel frénétiquement.
Il scrute la prairie ? Un vol de plumes argentées caresse sans bruit les hautes herbes aux couleurs caramel.
Et là, dans la haie ? Des piaillements sautillants emplissent ses oreilles.
Sur le bord de l’étang ? Deux grandes danseuses de blanc vêtues étirent leur cou gracieusement.
Et sur le tronc de l’amandier en fleurs ? Un croupion rougeoyant s’immobilise à l’affût.
Tout en haut des toits du village ? De petites pelotes grises immobiles attendent les derniers rayons du soleil avant de prendre leur envol.

La gibecière du chasseur reste bel et bien vide. Mais s’il s’en retourne chez lui d’un pas léger, ce sont la tête et le coeur chargés de couleurs, de mélodies, d’ailleurs. Il n’y a pas plus joyeux que ce chasseur d’oiseaux-là !

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8 janvier 2016

Mamie Pierrette dort sous les pâquerettes

Une nuit d’été, Mamie Pierrette est arrivée au bout du chemin de la vie. Elle a dit : «Zut ! Ça suffit ! J’ai mal aux pieds ! J’ai mal aux os ! J’vais pas plus loin !». Et elle a disparu dans une pirouette.

Ça, c’était tout Mamie Pierrette ! N’en faire qu’à sa tête, ne prévenir personne pour ne pas déranger, partir sur la pointe des pieds, toute discrète.

Depuis Mamie Pierrette n’a pas perdu son sourire. Ses yeux gris bleu sont toujours malicieux. Et elle s’est trouvé plein de cachettes.

Près du ruisseau qui zigzague en bas du coteau, elle écoute l’eau qui glisse et caresse les racines des aulnes. Mamie Pierrette s’adonne au farniente et à la sieste.

Elle déguste le temps qui passe, légère comme une bulle, comme une libellule, comme un chant de fauvette. Mamie Pierrette volette.  

Elle fredonne ses airs préférés et danse au-dessus des clochers. Ils l’accompagnent en ding-dodelinant et la laissent s’éloigner à regret. Mamie Pierrette fait la follette.

Quand elle est fatiguée, elle s’allonge dans un pré, sans faire le moindre minuscule petit bruit. Les vaches continuent à brouter et à mâchouiller comme si de rien n’était. Chut ! Mamie Pierrette dort sous les pâquerettes.

Et quand elle joue à se faire peur, elle va se cacher dans le petit cimetière. Elle pousse la grille de l’église muette. Elle s’installe sous des fleurs fanées et renversées. La nuit vient. Alors les grandes mirettes de la chouette s’ouvrent et la surveillent, comme deux lunes jumelles : «Le premier qui touche à Mamie Pierrette sera transformé en pierre ! Saperlipopette !»

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